Ce que l’on nomme un monochrome est un exercice plus complexe et plus profond qu’il n’y paraît. Choisir ses pigments
de couleurs, fabriquer sa peinture est un travail ancestral pour les peintres. C’est un savoir et une pratique qui va au-delà
de la simple technique. Si le son d’un instrument relève, dans le cadre de la technique du luthier, d’une très grande
connaissance des essences de bois, d’une connaissance de la chimie, c’est bien dans l’art de l‘écoute et la plus
complète maîtrise de la musique que tout se joue. Il en va de même, plus discrètement sans doute, de la peinture. Aline
prépare sa peinture avec la patience d’un luthier pourrait-on dire. Elle prépare sa matière et ses tableaux, les dispose au
sol dans son atelier, et procède méticuleusement – presque spirituellement – au couvrement de la toile. Face à ses
monochromes, il s’agit de penser une démarche lente et patiente, grave et précise.
Jérôme Diacre, critique d'art, décembre 2011
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Bâtie selon une démarche progressive et expérimentale, ma pratique porte essentiellement sur des questions liées à la
couleur, sur des points de vue trouvant leur formulation dans des dispositifs chromatiques et formels.
Qu’ils soient assemblés pour former des peintures volumétriques ou agencés séparément dans l’espace, les
monochromes que je réalise visent à interroger les formes de relation que l’homme entretient avec son environnement,
mettant en abyme la perception. Le spectateur se trouve face et dans l’expressivité de la couleur. La perception devient
expérience. Le spectateur est amené à agir, à se déplacer, pour qu’un point de vue apparaisse : une perspective
d’ensemble se met alors en place, un «paysage»...
Le monochrome suscite une nécessité de fragmentation et une forme d’organisation. Un imaginaire s’opère là où les
tensions se constituent. Ces tensions qui maintiennent une forme d’équilibre - tension interne et mise en tension des
différents monochromes - forment un ensemble. La peinture comme écoute du visible.
Chaque ensemble coloré occupe l’espace. Il n’est pas seulement question d’une volonté de construction mais aussi
d’approfondissement dans la recherche et l’expérience : le choix des couleurs ne découle pas d’un échantillonnage
extrait de la charte des couleurs mais de bases intuitives, de l’observation des couleurs à travers l’environnement du lieu
dans lequel mon travail se développe ou s’inscrit. Appréhendant la matière dans un rapport physique, ces couleurs sont
élaborées artisanalement à partir de pigments purs ou mélangés. L’approfondissement dans la matière naît de la
répétition. L’étalement dans le temps d’une action répétée porte en soi les éléments d’un renouvellement. Urgence d’un
présent. Régénération perpétuelle.
Aline Decrouez, 2018
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Un dialogue s'installe dans l'idée d'entre deux.
Les volumes s'introduisent dans une verticale,
Bleue turquoise lumineuse, vert, corail , bleu marine !
L'asymétrie prend vie dans la beauté des lignes.
Jean-Pierre Crétel, poète, 2019
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Un oeil interroge l'espace où les couleurs
rebondissent en formes à fédérer.
La réflexion opère une synthèse chromatique
et lie tous les volumes entre des mains humaines.
Jean-Pierre Crétel, poète, 2020